Que se passe-t-il dans la tête du syndic d’Estavayer, grand mufti de la Broye, et ayatollah des betteraves? Sous la direction de Maurice de Bussy, Eric Chassot s’est confié en toute liberté à Christian et Michel Charmag au cours de nombreux entretiens (entretiens tenus en toute discrétion dans le Toïtoï de chantier de la zone industrielle plein nord). Ce livre, plus qu’une confession, est une mise à nu qui nous offre une vue peu glorieuse sur les bas morceaux de ce petit homme.
En exclusivité, voici quelques extraits
- Michel Charmag : Contez-nous un peu votre si brillante carrière ?
- Eric Chassot : j’ai d’abord appris à traire et tirer les fumiers à la ferme, puis j’ai essayé de m’adonner au montage d’une usine suédoise à Bussy, mais il manquait des vis et je ne suis arrivé à rien. Ensuite mon village s’est donné à Estavayer et ça m’a tellement fait chier que j’ai ourdi un plan pour me venger. Je me suis fait élire au conseil comme indépendant et j’ai ensuite retourné ma veste, et, comme homme d’avenir j’ai rejoint les conservateurs, ce qui m’a permis de m’emparer de la syndicature. J’avais enfin un poste qui me permettrait de faire chier les petits bourgeois de merde de cette crouille cité pourrie. Mais dans un premier temps j’ai été un peu désespéré, mes prédécesseurs avaient foutu un tel petchi qu’il me serait bien difficile de faire pire.
- Michel Charmag : Pensez-vous arriver à finir de détruire Estavayer ?
- Eric Chassot : Cela va demander encore quelques efforts et peut-être qu’il sera nécessaire d’avoir un peu d’aide extérieure, mais je tiens à préciser que je vais épargner le charmant village de Bussy et sa magnifique vue sur l’aérodrome.
- Christian Charmag : Qu’entendez-vous par aide extérieure ?
- Eric Chassot : Après avoir échoué à nouer des contacts en Calabre et en Sicile je me suis tourné vers les Balkans.
- Michel Charmag : Pourquoi ces régions ?
- Eric Chassot : Ces gens sont naturellement doués pour détruire en construisant. Et puis, malgré ce que peuvent dire les mauvaises langues, ils sont dotés d’une chose qui me fait cruellement défaut: Un code d’honneur. Grâce à eux, Estavayer va se retrouver les pieds dans le béton et la tête sous l’eau.
- Christian Charmag : Pouvez-vous nous décrire votre plan ?
- Eric C : Construire toute les merdes possibles de manière à totalement cacher et étouffer la vielle ville. Détruire les dernières entreprises et les remplacer par des cages à lapin. Couler le port. Elever des alevins de requins dès que la pisciculture sera assainie. En ville, permettre uniquement la circulation des tracteurs et des moissonneuses batteuses. Et quand je serai fatigué, je retournerai à Bussy pour jouir en toute quiétude du bruit des F35 et de l’autoroute dans les délicates odeurs de lisier et de fumier.
En vente à l’auberge communale de Bussy ainsi qu’à la décharge pour matériaux inertes de Bioley-Orjulaz. Malheureusement et pour des raisons qui nous échappent la librairie Marschall refuse de vendre cet ouvrage.